Le port atlantique de La Rochelle, appelé aussi port de La Pallice, est le port de commerce de la ville de La Rochelle (Charente-Maritime, Nouvelle-Aquitaine, France). Son activité et ses installations sont aujourd'hui gérées par l'établissement public du Grand port maritime de La Rochelle, autrefois port autonome. Il se classe au 6e rang des grands ports maritimes de France en tonnage de marchandises, 1er port européen pour l'importation de grumes et 1er port français pour l'importation de produits forestiers et pâtes à papier. Il représentait en 2001 plus de 85 % des échanges de marchandises du transport maritime de l'ancienne région Poitou-Charentes.
Localisation
Du fait de sa situation dans le quartier de La Pallice, dans la partie ouest de la ville de La Rochelle, il est appelé port de La Pallice.
Établissement public
Port autonome depuis le à la suite du décret no 2004-1378 du , il a reçu le statut de grand port maritime à la suite du décret no 2008-1036 du . Le grand port maritime de La Rochelle est un établissement public qui exerce conjointement des missions de service public administratif et des missions de service public à caractère industriel et commercial et qui est géré comme un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) dont la tutelle de l'État est exercée par la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer du ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie.
Il est administré par un directoire de trois membres; Président du directoire : Sandrine Gourlet. Son conseil de surveillance comprend notamment des représentants de l'État, du personnel, des collectivités territoriales (Nouvelle-Aquitaine, Charente-Maritime, Communauté d'agglomération de La Rochelle, commune de La Rochelle) et de la Chambre de commerce et d'industrie de La Rochelle. Un conseil de développement de trente membres assiste les organes statutaires.
Caractéristiques techniques
- Tirant d'eau maximum autorisé 14 mètres, port en eau profonde ;
- Certifié ISO 9001 - ISO 14001 - OHSAS 18001 le 30 octobre 2018 ;
- Évalué niveau confirmé AFAQ 26000, label engagé RSE, novembre 2018
- 1 715 emplois salariés générés
- Réception de navires jusqu'à 100 000 tonnes ;
- Second port d'exportation ;
- Environ 5,7 millions de tonnes d'importation ;
- 2 800 mètres linéaires de quai ;
- Au , 3 remorqueurs VB Boluda : le Pornichet, le Belle-Ile, et l' Oléron.
- Terminal passagers pour paquebots de croisières ;
- Terminal pétrolier sur le môle d'escale ;
- Postes roulier (Ro-Ro) / 1 - dans l'anse de Chef de Baie, / 2 - dans le bassin à flot
- 53 hectares de stockage sur plate-forme extérieure ;
- 278 hectares de surface maritime ;
- 276 hectares de surface terrestre ;
- 137 500 m2 de hangars ;
- 21 grues ;
- Forme de radoub : 2 - donnant sur le bassin à flot, pour des activités de carénage et de réparations navales (dont une de 176,21 m) ;
- Bassin à flot avec SaS d'écluse.
Trafic
En 2010, le trafic exprimé en « tonnage brut total » du port de La Rochelle Pallice représente environ 2 % du trafic des ports de commerce français.
Croisières & passagers
Le port de La Rochelle Pallice dispose d'un terminal passagers qui accueille régulièrement à la belle saison des paquebots (39 en 2017, 49 000 passagers). Après deux années blanches pour cause de crise sanitaire, les navires de croisières étaient de retour en 2022 au « Port Atlantique La Rochelle », avec près de 35 escales.
En 2011, Le port a accueilli 23 escales, dont 19 de grands paquebots. Il a été le premier port d'escale de la façade atlantique en 2017 avec 36 466 passagers, mais le Port de Bordeaux l'a désormais dépassé.
Sorata, le nouveau bâtiment d'accueil pour les croisiéristes, est inauguré le . Situé au môle d’escale, il comporte un hall d'accueil, les guichets d'enregistrement, la salle d'embarquement, un portique-scanner et un tapis roulant pour les bagages et accueillera tous les voyageurs qui ont choisi La Rochelle comme ville de départ, d'arrivée ou d'escale pour leur croisière. Ancien pavillon de la course autour du monde Velux 5 Oceans, il est offert par la ville.
Activité fret ferroviaire
Fin 2010 est officiellement créé un opérateur ferroviaire de proximité (OFP) pour gérer le service fret ferroviaire sur la zone portuaire de La Rochelle Pallice empruntant en particulier la ligne de La Rochelle-Ville à La Rochelle-Pallice, en voie unique, qui traverse la ville. La société OFP La Rochelle (en), dont le capital est réparti entre le Grand port maritime de La Rochelle et Euro Cargo Rail, a été inaugurée le .
Fin 2011, le trafic ferroviaire a dépassé pour la première fois la barre du million de tonnes (1,06 Mt) de marchandises pré ou post-acheminées par train, soit une augmentation de 57 % depuis 4 ans. La part modale du ferroviaire sur le port s'établit désormais à 12,63 % du trafic portuaire, contre 8,96 % en 2007.
À la fin de l'année 2016, Euro Cargo Rail avait annoncé son retrait d’OFP Atlantique, opérateur ferroviaire portuaire qui assurait les services de traction des ports de La Rochelle et de Nantes Saint-Nazaire. Après un appel à candidatures, c'est la société OuestRail créée par le groupement Millet-Régiorail qui a été retenue, et qui réalise depuis le les prestations de traction d’OFP Atlantique.
Histoire du port de La Pallice
Construit après dix ans d'efforts sur les conseils de l'ingénieur hydrographe Bouquet de La Grye, le port de la Pallice, bassin à flot et avant-port, a été inauguré le par Sadi Carnot, alors président de la République française, et Wladimir Mörch, président de la Chambre de commerce et d'industrie,. Il a longtemps été caractérisé par la tête de pont de ses lignes régulières avec l’Afrique, à l'origine de la part importante d'importation de bois dans son trafic.
Il a connu de nombreux événements et agrandissements au cours de son histoire :
- , lors de la Première Guerre mondiale, l'usine Vandier et Despret, fabricant d'explosifs pour le compte de la Défense nationale, explose, faisant 177 morts et plus de 150 blessés.
- De 1934 à 1938, construction d'un môle d'escale en eau profonde au large, relié à la terre par un viaduc métallique long de 1 120 m, construit de 1931 à 1934.
- Le 19 octobre 1939, début de l'épopée du voyage de l'exil républicain espagnol sur le Massilia, du port de la Pallice jusqu'à Buenos Aires en Argentine.
- Juin 1940, dans le cadre de l'Opération Ariel, des unités polonaises embarquent sur des navires polonais et de la Royal Navy à destination du Royaume-Uni.
- De 1941 à 1943, l'Organisation Todt construit pour la Kriegsmarine une base sous-marine de plus de trois hectares et une « écluse blockhaus » pour ses sous-marins de la 3e flottille de U-Boot (90 unités) afin de les protéger des bombardements alliés. La base subit 17 bombardements alliés entre 1941 et 1944.
- 1951, ouverture de la gare maritime, qui restera en activité jusqu'au milieu des années 1960.
- 1966, agrandissement de la plate-forme du môle d'escale.
- À partir de 1990, creusement et construction de nouveaux bassins : Chef de Baie I, II puis III, spécialisés dans le trafic du bois, avec plus de 500 mètres linéaire de quais.
- 2002, construction d'un poste roulier.
- 2008, le port concède un batiment à la ville qui deviendra La Sirène (salle de concert)
- 2009, sur le Môle d'escale, démolition du bâtiment de la Gare maritime des voyageurs et des hangars adjacents.
- Avril 2011, mise en service du quai de l'anse Saint-Marc. Ce terminal vraquier qui peut permettre d'atteindre le cap des 10 millions de tonnes de trafic. Les travaux de l'anse de la Repentie (nord) ont commencé.
- Avril 2016, mise en service du quai de l'anse Saint-Marc 2. Ce second poste à quai de l’Anse Saint-Marc accroît de 200 m le linéaire de quai, portant sa longueur totale à 360 m, permettant d'accueillir des navires de type panamax.
- Le à Chef de Baie, a été inauguré le nouveau terminal du groupe céréalier Soufflet dont la « première pierre » avait été posée le . Les installations comprennent un silo d'une capacité de stockage de 63 000 tonnes divisée en trente-deux cellules, construit face à la mer en « bord à quai ». Ce silo est connecté par bande transporteuse à un portique de chargement sur rails d’une cadence de 1 200 t/heure ; l'ensemble pouvant fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Avec ce nouveau terminal, la capacité de chargement en céréales du port passe de 15 000 à 24 000 tonnes par jour ; de même que la possibilité de stockage à La Pallice passe à 185 000 tonnes.
Toutes ces installations ont été gagnées sur la mer. Les travaux d'agrandissements sont toujours en cours avec la construction d'un nouveau terre-plein de 35 hectares, d'ici 2020 dans la partie Nord du port, au pied du pont de l'Île de Ré.
Activité militaire
La Rochelle et La Pallice ont été miraculeusement sauvés entre 1944 et 1945 par deux marins, le capitaine de vaisseau Hubert Meyer et l'amiral allemand Ernst Schirlitz. Les cargos du Plan Marshall ont pu ravitailler l'Europe de l'Ouest grâce au môle d'escale de La Pallice, le seul port épargné en France. Sur la pierre tombale d'Hubert Meyer (1899-1978), à Saint-Ciers-du-Taillon, près de Royan, est gravé le psaume 103 : « Mon âme bénit l'Éternel et n'oublie aucun de ses bienfaits ». La création du port de La Pallice fut un bienfait.
Le port de La Pallice est un point stratégique de la guerre froide.
À partir de 1950, il connaît un nouveau développement militaire, car il est choisi comme le point principal d'entrée des renforts américains en France en cas d'attaque soviétique dans le cadre de l'OTAN. Il a été préféré au port de Cherbourg pour jouer ce rôle car il dispose de vastes terre-pleins dans l'arrière pays, se situe hors de portée d'une aviation tactique ennemie opérant à partir du Rhin et des Pays-Bas (ligne de défense alors envisagée) et possède avec le Pertuis d'Antioche un vaste avant-port dans lequel il est relativement aisé de traquer une activité sous-marine adverse, ainsi que de draguer les mines. C'est d'ailleurs à La Pallice qu'est alors installée l'école de défense des ports de la marine nationale.
La zone portuaire bénéficie d'investissements américains dans le cadre du MDAP (Mutual Defence Advisory Plan, que l'on pourrait résumer à « Plan Marshall militaire ») dans la décennie 1950-1960. Dès 1953, le risque d'une réédition d'une attaque classique frontale comme celle de 1940 diminue cependant, quand les Américains s'engagent à des « représailles massives » en cas d’agression soviétique, limitant l'intérêt d'un tel port de soutien. Les études et travaux entamés sont néanmoins poursuivis. Après 1957, la crainte d'un échange nucléaire initial conduit non plus à concentrer les infrastructures portuaires en un point donné, mais au contraire à les disperser au sein de « complexes portuaires » utilisant tant les grands ports (ce qu'il en restera...) que les petits ports secondaires, voire les plages, les criques, etc. À partir des années 1960,si les investissements militaires cessent, ceux concernant l'activité portuaire civile se développent.
Durant les années 1960-1980, un contre-amiral (COMAR La Pallice) commandait l'arrondissement maritime de La Pallice-Rochefort. Il avait autorité sur la Marine nationale implantée dans le port de la Pallice. À terre, se trouvait une base, l'« Unité marine ». Amarrée à « l'épi sud » de la base sous-marine, les 3 dragueurs de mines de la 24e Didra avait pour mission de sécuriser la zone maritime du Centre d'essais des Landes (CEL) de Biscarosse, pendant ses campagnes d'essais de tirs de missiles.
En 2010, avec le départ du 519e régiment du train qui occupait une partie de l'ancienne base sous-marine allemande où étaient amarrées les chalands de débarquement de la 311e compagnie de transbordement, l'activité portuaire militaire se trouve réduite à sa plus simple expression
Culture populaire
- Dans l'album de bande dessinée Les Sept Boules de cristal d'Hergé, Tintin, Milou et le Capitaine Haddock déambulent sur les quais du bassin de La Pallice. Ils y retrouvent le Pachacamac, où est emprisonné le Professeur Tournesol.
- Dans le deuxième opus de la série de jeux vidéo Commandos, les 3e et 4e missions du jeu se déroulent en mai 1941 autour et dans la base sous-marine de La Pallice. L'objectif est de délivrer un sous-marin allié et son équipage capturés par les allemands.
Pollution
- Les résidus chimiques intégrés au remblai du port contiennent du thorium et de l'uranium. La société Rhodia Opérations (usine de Chef de Baie) a produit des résidus provenant du traitement de matériaux naturels très légèrement radioactifs, qui ont participé avec d'autres matériaux au comblement de la zone de remblaiement du terminal de Chef de Baie du Grand port maritime de La Rochelle. Ces apports ont cessé en 1993
Notes et références
Galerie
Le port de La Pallice il y a plus de quarante ans.
Voir aussi
Articles connexes
- Port de La Rochelle
- Vieux-Port de La Rochelle
- Traite négrière à La Rochelle
- Transports dans la Charente-Maritime
Bibliographie
- Jacques Busche, Notice sur un batardeau employé pour les réparations de l'écluse du bassin à flot du port de La Rochelle, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 2e semestre 1837, p. 351-357 (lire en ligne) et planche CXL (voir)
- Albert Thurninger, Étienne Coustolle, Notice sur les fondations à l'air comprimé des jetées du nouveau port de La Pallice, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 2e semestre 1889, p. 455-508 (lire en ligne) et planches 50 à 54 (voir)
Liens externes
- Ressource relative à la vie publique :
- Nominations au Journal officiel
- Grand port maritime de La Rochelle
- Société de pilotage La Rochelle-Charente
- Site consacré aux navires de commerce en escale à Port Atlantique La Rochelle et autres ports
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