En mathématiques et, plus particulièrement en algèbre linéaire, une matrice réelle carrée A {\displaystyle A} est dite complètement positive si elle admet une factorisation de la forme A = B B T {\displaystyle A=BB^{\mathsf {T}}} , avec B {\displaystyle B} positive. Il revient au même de dire qu'une matrice est complètement positive lorsqu'elle est une combinaison convexe de matrices de la forme x x T {\displaystyle xx^{\mathsf {T}}} , formées à partir de vecteurs positifs x {\displaystyle x} .

L'ensemble C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} des matrices d'ordre n {\displaystyle n} complètement positives est un cône convexe fermé non vide de S n {\displaystyle {\mathcal {S}}^{n}} , l'ensemble des matrices symétriques d'ordre n {\displaystyle n} . C'est le cône dual (positif) du cône C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n}} des matrices d'ordre n {\displaystyle n} symétriques copositives, pour le produit scalaire standard de S n {\displaystyle {\mathcal {S}}^{n}} , ce qui justifie la notation C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} .

Notations

Soit S n {\displaystyle {\mathcal {S}}^{n}} l'espace vectoriel des matrices réelles symétriques d'ordre n {\displaystyle n} , que l'on suppose muni de son produit scalaire standard

( A , B ) S n × S n A , B := tr A B = i [ [ 1 , n ] ] j [ [ 1 , n ] ] A i j B i j , {\displaystyle (A,B)\in {\mathcal {S}}^{n}\times {\mathcal {S}}^{n}\mapsto \langle A,B\rangle :=\operatorname {tr} AB=\sum _{i\in [\![1,n]\!] \atop j\in [\![1,n]\!]}\,A_{ij}B_{ij},}

tr A B {\displaystyle \operatorname {tr} AB} désigne la trace du produit des matrices A {\displaystyle A} et B {\displaystyle B} . On note

S n := { A S n : x T A x 0   pour tout   x R n } {\displaystyle {\mathcal {S}}_{ }^{n}:=\{A\in {\mathcal {S}}^{n}:x^{\mathsf {T}}Ax\geqslant 0~{\mbox{pour tout}}~x\in \mathbb {R} ^{n}\}}

le cône des matrices de S n {\displaystyle {\mathcal {S}}^{n}} qui sont semi-définies positives,

C n := { A S n : x T A x 0   pour tout   x 0 } {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n}:=\{A\in {\mathcal {S}}^{n}:x^{\mathsf {T}}Ax\geqslant 0~{\mbox{pour tout}}~x\geqslant 0\}}

le cône des matrices de S n {\displaystyle {\mathcal {S}}^{n}} qui sont copositives et enfin

P n := { A S n : A i j 0   pour tout   ( i , j ) [ [ 1 , n ] ] 2 } {\displaystyle {\mathcal {P}}^{n}:=\{A\in {\mathcal {S}}^{n}:A_{ij}\geqslant 0~{\mbox{pour tout}}~(i,j)\in [\![1,n]\!]^{2}\}}

le cône des matrices de S n {\displaystyle {\mathcal {S}}^{n}} qui sont positives (élément par élément).

Définition

Une matrice complètement positive A {\displaystyle A} est donc nécessairement symétrique et la forme quadratique x x T A x {\displaystyle x\mapsto x^{\mathsf {T}}Ax} associée s'écrit comme une somme de carrés de fonctions linéaires à coefficients positifs.

Propriétés

Premières propriétés

On voit facilement que C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} s'écrit comme une enveloppe convexe :

Le résultat suivant justifie la notation C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} adoptée pour le cône des matrices complètement positives.

Dans les inclusions ci-dessus, les cônes S n {\displaystyle {\mathcal {S}}_{ }^{n}} et P n {\displaystyle {\mathcal {P}}^{n}} jouent une espèce de rôle de pivot, car ils sont autoduaux et que l'on a ( C n ) = C n {\displaystyle ({\mathcal {C}}^{n })^{ }={\mathcal {C}}^{n}} et ( C n ) = C n {\displaystyle ({\mathcal {C}}^{n})^{ }={\mathcal {C}}^{n }} .

Reconnaissance

  • Vérifier l'appartenance aux cônes C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n}} et C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} (c'est-à-dire, étant donnés A Q s n × n {\displaystyle A\in \mathbb {Q} _{s}^{n\times n}} et K = C n {\displaystyle K={\mathcal {C}}^{n}} ou K = C n {\displaystyle K={\mathcal {C}}^{n }} , décider si A K {\displaystyle A\in K} ou si A K {\displaystyle A\notin K} ) est NP-ardu,, sans que l'on sache si le problème est dans NP.
  • Vérifier l'appartenance faible aux cônes C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n}} et C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} (c'est-à-dire, étant donnés ε Q {\displaystyle \varepsilon \in \mathbb {Q} _{ }} , A Q s n × n {\displaystyle A\in \mathbb {Q} _{s}^{n\times n}} , K = C n {\displaystyle K={\mathcal {C}}^{n}} ou K = C n {\displaystyle K={\mathcal {C}}^{n }} et B {\displaystyle B} la boule unité fermée de R n × n {\displaystyle \mathbb {R} ^{n\times n}} , décider si A K ε B {\displaystyle A\in K \varepsilon B} ou si A ε B K {\displaystyle A \varepsilon B\nsubseteq K} ) est NP-ardu, sans que l'on sache si le problème est dans NP.

Propriétés géométriques

Rayon extrême

Le résultat suivant est démontré par Hall et Newman (1963).

Approximation

On peut resserrer l'encadrement de S n {\displaystyle {\mathcal {S}}_{ }^{n}} en utilisant les deux cônes suivants :

C 0 n := S n P n et C 0 n := S n P n . {\displaystyle {\mathcal {C}}_{0}^{n}:={\mathcal {S}}_{ }^{n} {\mathcal {P}}^{n}\qquad {\mbox{et}}\qquad {\mathcal {C}}_{0}^{n }:={\mathcal {S}}_{ }^{n}\cap {\mathcal {P}}^{n}.}

Le «  {\displaystyle }  » en exposant dans C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} , qui indique la prise du dual, est justifié par la proposition ci-dessous. On peut aussi voir C 0 n {\displaystyle {\mathcal {C}}_{0}^{n}} et C 0 n {\displaystyle {\mathcal {C}}_{0}^{n }} comme des approximations de C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n}} et C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} , respectivement.

On peut montrer que C 0 n = C n {\displaystyle {\mathcal {C}}_{0}^{n}={\mathcal {C}}^{n}} si n [ [ 1 , 4 ] ] {\displaystyle n\in [\![1,4]\!]} . Mais C 0 n C n {\displaystyle {\mathcal {C}}_{0}^{n}\neq {\mathcal {C}}^{n}} , si n 5 {\displaystyle n\geqslant 5} , comme le montre la matrice de Horn

H = ( 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 ) C 5 C 0 5 . {\displaystyle H=\left(\!\!{\begin{array}{rrrrr}1&-1&1&1&-1\\-1&1&-1&1&1\\1&-1&1&-1&1\\1&1&-1&1&-1\\-1&1&1&-1&1\end{array}}\!\!\right)\in {\mathcal {C}}^{5}\setminus {\mathcal {C}}_{0}^{5}.}

On montre en effet que H {\displaystyle H} engendre un rayon extrême de C 5 {\displaystyle {\mathcal {C}}^{5}} qui n'est pas dans C 0 5 {\displaystyle {\mathcal {C}}_{0}^{5}} .

Le cône C 0 n {\displaystyle {\mathcal {C}}_{0}^{n}} est aussi le premier cône d'une suite croissante de cônes approchant C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n}} par l'intérieur, :

C 0 n C 1 n C 2 n C n et k N C k n = C n , {\displaystyle {\mathcal {C}}_{0}^{n}\subset {\mathcal {C}}_{1}^{n}\subset {\mathcal {C}}_{2}^{n}\subset \cdots \subset {\mathcal {C}}^{n}\qquad {\mbox{et}}\qquad \bigcup _{k\in \mathbb {N} }{\mathcal {C}}_{k}^{n}={\mathcal {C}}^{n},}

tandis que les cônes duaux approchent C n {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }} par l'extérieur :

C n ( C 2 n ) ( C 1 n ) ( C 0 n ) = C 0 n et k N ( C k n ) = C n . {\displaystyle {\mathcal {C}}^{n }\subset \cdots \subset ({\mathcal {C}}_{2}^{n})^{ }\subset ({\mathcal {C}}_{1}^{n})^{ }\subset ({\mathcal {C}}_{0}^{n})^{ }={\mathcal {C}}_{0}^{n }\qquad {\mbox{et}}\qquad \bigcap _{k\in \mathbb {N} }({\mathcal {C}}_{k}^{n})^{ }={\mathcal {C}}^{n }.}

Annexes

Notes

Articles connexes

  • Matrice copositive
  • Optimisation complètement positive

Bibliographie

  • (en) A. Berman, N. Shaked-Monderer (2003). Completely Positive Matrices. World Scientific, River Edge, NJ, USA.
  • (en) M. Hall, M. Newman (1963). Copositive and completely positive quadratic forms. Proceedings Cambridge Philos. Soc., 59, 329–339.
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Et cela a à voir avec ce qu’on appelle la “forme quadratique”.

Why is the matrix P positive definite? ResearchGate

Matrice définie positive Définition et Explications

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